Que le miel est doux

Depuis cet instant où Il lui avait fait sa demande, cet instant où Il avait posé son genou à terre, cet instant où Il avait délicatement orné son doigt d'un anneau de fleurs, Mahîna était la plus heureuse du monde connu, elle en était sûre. Elle ne cessait de se repasser cet instant de bonheur pour pouvoir rêver encore un peu et ne pas être forcée de faire face à la réalité. La réalité dont il était question n'était autre que Nali et le sang qui s'y écoulait. Malheureusement, après leur mariage, ils n'avaient pu partir tout de suite en lune de miel au vu de leurs obligations respectives, mais ils prendraient un temps pour eux : ils se l'étaient promis.

Il était enfin arrivé, ce temps qu'elle attendait depuis quelques semaines déjà, ce temps qui passait si vite. Mahîna et Thorzakh avaient décidé de vivre cette lune de miel au jour le jour et de visiter les îles qu'ils pourraient. Elle n'en serait que plus agréable. Leur premier choix fut d'aller sur Morélia. Aucun d'entre eux ne connaissait et c'est ce qu'ils souhaitaient : découvrir tout à deux! Il avait tout de même insisté pour partir quelques heures avant elle juste pour s'assurer que les lieux étaient sûrs puisque même en lune de miel on peut faire de mauvaises rencontres malheureusement. Mahîna alla donc rejoindre Thorzakh. Morelia était un archipel magnifique et idéal pour débuter cette lune de miel : ils avaient vraiment bien choisi! Mahîna ferma les yeux un moment et prit une bouffée d'air frais. L'herbe était parfumée et l'eau magnifique. Mahîna pouvait se perdre dans son reflet. Elle se baissa pour rafraîchir un son visage et se releva pour partir à la recherche de son époux. Elle fit à peine quelques pas qu'elle reconnut sa silhouette. Il était là, assis tranquillement en train de l'attendre. Il était vraiment beau quand il était perdu dans ses pensées. Elle s'arrêta un moment pour l'observer puis reprit son chemin. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle l'interpella joyeusement.

Ouhouh je suis là !

Depuis qu'il l'avait rencontré sur l'île du paradis, Thorzakh s'était toujours senti bien aux cotés de Mahîna. Désormais, elle était son épouse, et Thorzakh, en attendant qu'elle le rejoigne sur Morélia, se remémorait les moments qu'ils avaient passé ensemble. Perdu dans ses douces pensées, il fut tiré de sa méditation par une odeur familière. Il l'aurait reconnue au milieu d'un millier d'odeurs. Mahîna arrivant à ses côtés, elle le hella.
Feintant la surprise, Thorzakh se releva lentement :

Tiens, mais qui va là? Je ne m'attendais pas à une si charmante surprise? Vous seriez vous perdu, gente dame? Souhaiteriez vous que je vous serve de guide pour une petite excursion sur ce paradis terrestre?

Sur ces paroles, le sorcier tendit une main ouverte à sa jeune épouse.

Mahîna reconnut bien là son époux. Il avait toujours quelque chose de drôle à dire et comme à son habitude, Mahîna éclata de rire.

Oui je suis perdue. Je suis seule et j'ai peur. Je devais rejoindre mon mari sur cette île mais je ne le vois pas. L'auriez-vous aperçu ?

Elle sourit alors tendrement à Thorzakh et prit cette main qu'il lui tendait. Elle était si douce, elle pourrait la tenir pendant des heures.

Tu ne m'as pas attendue trop longtemps j'espère ? Et surtout, tu as intérêt à ne pas avoir commencé la visite sans moi.

Elle ne put s'empêcher de lui tirer la langue pour lui montrer qu'elle n'était pas sérieuse même si au fond de son coeur, elle espérait qu'il l'avait effectivement attendue avant de commencer l'exploration. Mahîna en profita pour jeter un coup d'oeil sur ce qui les entourait et elle aperçut quelqu'un au loin. Vu la distance, elle ne savait pas qui pouvait être cette personne. Elle pointa son doigt en direction de l'inconnu.

Regarde là-bas, on dirait que nous ne sommes pas seuls!

Au contact de la peau douce de sa bien-aimée, Thorzakh s'empourpra, perdant tous ses moyens.
Reprenant ses esprits, il répondit rapidement à Mahîna.

Ne t'en fais pas, je n'ai fait qu'un rapide tour des environs pour m'assurer que tu ne risquerais rien en venant jusqu'ici, mais je t'attendais pour explorer l'île plus en détails.

Thorzakh fronça des sourcils un instant.

Il y avait un mizu avant que tu n'arrives, mais il ne s'est pas montré belliqueux. Ca m'a bien arrangé, je voulais vraiment pas t'accueillir dans une mare de sang.

Reprenant son sourire avenant, Thorzakh changea de sujet.

Tu as raison en tout cas, nous ne sommes pas seuls. La silhouette que tu aperçois doit être une personnalité dans la région, puisque depuis que je suis arrivé, beaucoup de méduses et de nagãs sont allés lui parler.
On devrait surement faire de même.